ALEXANDRA LAPIERRE
Artemisia
Artemisia_poche
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Artemisia
Artemisia
Réédité aux éditions Robert Laffont   et chez Pocket à l'occasion de   l'exposition sur Artemisia Gentileschi   au musée Maillol à Paris du 15 mars   au 15 juillet 2012
alexandra lapierre Artemisia
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Quelques critiques


"C'est un roman qui déborde, rayonne (...) On pense au Musset de Lorenzaccio qui respectait scrupuleusement les vérités historiques pour mieux glisser l'ambiguïté du drame personnel. Ici, le roman historique irradie de quelque chose d'éperdu (...), on est frappé par les orgueils malmenés, les parcours douloureux et exaltés, un portrait de femme ambigu, aux teintes livides et somme toute déchirant. Derrière le rougeoiement de la tapisserie, des confidences rares."
Jacques-Pierre Amette, Le Point

"Un chef d'œuvre."
Gilles Pons, Pleine Vie

"Les héroïnes d'Alexandra Lapierre sont des passionnées, des jouisseuses, des échevelées. Ce sont des rêveuses éveillées, des désespérées heureuses (...) Messieurs, faites attention, ou cette vamp italienne vous fera chavirer le cœur (...) tout simplement pharaonique."
Sébastien Le Fol, Le Figaro

"Alexandra Lapierre a réalisé ici une fresque de maître. Celle d'une Europe où les princes étaient des collectionneurs obsessionnels (...), où les artistes étaient prêts à tout pour parvenir à l'éternité. Grâce à Alexandra Lapierre, Artemisia y est parvenue. La voilà immortelle."
Laurence Haloche, Figaro Magazine

"Alexandra Lapierre a réussi son pari !: permettre à un non-spécialiste du XVIIe siècle (99,99 % de la population) de donner un sens au combat artistique par les mots". Fabrice Gaignault, Elle


Le making-of


Mon histoire d'amour avec Gentileschi père et fille remonte à trente ans. Je les ai rencontrés loin du XVIIe siècle et de l'Italie : à Los Angeles. Une extraordinaire retrospective réunissait les tableaux de femmes peintres entre 1550 et 1950. Par leur splendeur, par leur violence et leur diversité, six toiles m'avaient saisie. Avec ferveur, je m'étais enquise de leur auteur. Pour toute réponse, j'avais reçu une admonestation, presque une mise en garde : "Ne vous intéressez pas à la fille d'Orazio Gentileschi "

Un tel véto ne pouvait qu'aiguiser ma curiosité.

Ce que savaient les témoins de mon émotion, c'est qu'aux Etats-Unis, les thèses de doctorat sur Artemisia Gentileschi s'amoncelaient dans les placards des facultés. Qu'elle deviendrait très bientôt le peintre caravagesque le plus apprécié des étudiants anglo-saxons. Qu'une partie de ce succès s'expliquait par la loi américaine qui requérait qu'une importante proportion de travaux universitaires (près de 30 % en histoire de l'Art) soit consacrée aux artistes issus de "minorités" : peintres d'origine hispanique, africaine, ou peintres de sexe féminin. "Mais vous, ne vous occupez pas de la fille d'Orazio Gentileschi." Ce conseil des connaisseurs résonnait comme une menace. "La fille d'Orazio semblait appartenir à cette catégorie de personnages qu'on n'ose même pas nommer." Lâchement, j'obtempérai.

Au fil des ans, au cours d'autres voyages, le hasard avait rappelé Artemisia à mon bon souvenir, pour me jeter à chaque fois dans le même état d'exaltation. Je m'en méfiais. Trop puissante Artemisia ! Je la craignais. D'instinct, je préférais les épopées plus obscures, le pouvoir derrière le trône, les héros dont personne ne sait rien.

Elle m'a prise en traître, la fille d'Orazio. Elle m'a prise où je ne l'attendais pas : elle s'est servie de son père !

C'était l'été à Rome, voilà dix-sept ans. Une chaleur moite pesait sur la ville et j'admirais les tableaux du Caravage dans l'église Saint Louis des Français. La foule qui se pressait devant La vocation de Saint Mathieu m'avait contrainte à patienter à l'écart dans une petite chapelle. Appuyée à la balustrade, je contemplais les plis du grand rideau de marbre qui s'ouvrait sur la blancheur d'une coupole et notais que cette chapelle avait été conçue, dessinée, construite par une femme, Plautilla Bricci... Une femme architecte, bâtisseur d'églises dans les États pontificaux au temps du Caravage ? L'idée réveillait de vieux rêves ! À la bibliothèque nationale, dans les manuels d'histoire de l'art, Plautilla Bricci figure au côté de son père. C'était lui, le père, qui l'avait formée et c'était à lui, à l'atelier paternel, qu'elle devait ses commandes. Le destin de Plautilla semblait s'arrêter à cette filiation. Mais tandis que dans la chapelle, je rêvais à cette double carrière d'un père et de sa fille, une voix, la voix d'un touriste ou d'un guide, prononça à mon oreille cette phrase surprenante : "Là, le Saint Mathieu, vous voyez ? Ce visage... Il s'agirait d'un portrait. Caravage aurait représenté l'un de ses compagnons de beuverie. Son grand rival à Rome. Un peintre très dépravé qui donna sa fille en pâture au public : Orazio Gentileschi."

Cette fois, dans l'église de Rome, je fus prise de vertige. Orazio et Artemisia, un père et sa fille lancés dans un duel pour l'immortalité ? Je ne résistai plus. Je plongeai dans l'aventure.

De retour à Paris, je m'inscrivis à nouveau à la fac en histoire de l'art. Je repris mes grammaires latines et mon Gaffiot. Je me rendis chaque matin aux cours intensifs d'italien qu'offrait la mairie de mon quartier et je suivis des cours de paléographie.

C'était toute ma vie à moi qui venait de basculer.

Rendre leur œuvre à ces deux grands peintres qui n'avaient cessé de se combattre et de s'inspirer l'un l'autre. J'avais découvert que pendant deux siècles, les tableaux d'Artemisia avaient été attribués à d'autres, car on les jugeait trop beaux pour avoir été peints par une femme... Quant à Orazio, il avait été imité et pillé...

À la poursuite de l'un, en quête de l'autre, je décidai d'abandonner la France pour aller m'installer en Italie. Il s'agissait de voir, voir, voir toutes leurs œuvres. Il s'agissait aussi de comprendre le monde dont ils venaient. De m'imbiber jusqu'à l'ivresse des odeurs, des couleurs, des sons qui les entouraient.

Une filature à travers les âges.

Aux archives secrètes du Vatican, aux archives notariales du Capitole, aux archives historiques du Vicariat de Rome, aux archives d'État, dans d'immenses registres jaunis par les siècles, sur des feuilles de parchemins où les lignes d'écriture brune se superposent, s'imbriquent et se confondent, parmi des milliers de prénoms et des milliers de morts : retrouver la présence d'Orazio et d'Artemisia... Actes de baptême, reconnaissances de dettes, contrats de mariage, inventaires après décès, leurs voix continuaient de crier dans le silence. Insultantes quand elles dénoncent, vengeresses quand elles accusent, cyniques quand elles lèguent ou déshéritent. Procès, donations, testaments : les moindres détails de leur existence ont été conservés.

Restait à les retrouver...

Mon éditeur à Paris me consentit une avance. J'embarquai avec moi ma petite fille de cinq ans, qui étudierait au lycée français, et une jeune fille au pair, qui travaillerait à l'Institut Dante.

Le plan était de rester une année pour écumer les archives de Rome... Le voyage allait durer cinq ans et devenir l'aventure majeure de notre existence.

Sans même le savoir, nous nous étions installées dans la rue où Artemisia avait vécu avec sa propre fille. Quant à Orazio, il travaillait à quelques pas dans son atelier...



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