ALEXANDRA LAPIERRE
Tout l'honneur des hommes
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Tout l’honneur
des hommes
alexandra lapierre Tout l'honneur des hommes
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Quelques critiques


"Ce roman fleuve est à la mesure du travail titanesque de l'écrivain : une documentation irréprochable, au service d'un texte exalté..."
Nathalie Six, Le Figaro Littéraire

"Ce livre, porteur d'un message de tolérance et de réconciliation, est un récit bouleversant."
L'Orient littéraire

"Le livre d'Alexandra Lapierre se lit comme un roman d'aventures, une épopée, un conte universel !"
Christelle Lefebvre, Var Matin

"Un livre à la Dumas où le grand spectacle côtoie l'amour, la guerre et le religieux. Une réussite totale."
Philippe Vallet, France Info

"Avec ce roman, écrit le mors aux dents, Alexandra Lapierre – philosophale et galopante – se révèle en digne héritière-amazone de Joseph Kessel."
Raphaël Stainville, Le Figaro Magazine

Le making-of


Ressusciter les destins des Oubliés de l'Histoire

En ce matin d'avril 2008 à Paris, je me bats comme jamais avec chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot de Tout l'honneur des hommes que j'écris depuis plusieurs années.

Au terme d'une longue recherche qui m'a conduite partout sur les traces de mon héros, trois ans à éplucher tous les ouvrages sur l'invasion du Caucase, trois ans dans les bibliothèques et les archives russes bien sûr, mais aussi sur tous les lieux où avait vécu Djemmal-Eddin, soudain, là, maintenant, alors que j'ai déjà écrit les quatre cinquièmes du livre, soudain, je le perds... Trois années passées avec lui, en quête des couleurs, des odeurs, des sons, en quête de tous les univers qu'il avait traversés, trois ans d'obsession à tenter de penser comme lui, de sentir comme lui, d'évoluer comme lui, d'être lui, ce jeune musulman arraché à son passé, à ses racines.

Voir le monde par ses yeux. Et, plus rien.

Je ne vois plus rien. Le vide.

J'ai pourtant construit mon enquête pas à pas, je suis parvenue à le suivre, palier par palier. Jusqu'ici... Jusqu'à l'aube de son retour dans le Caucase, au moment où il doit renoncer à sa carrière d'officier et à l'amour de sa vie, à Liza. Il avait alors vingt-quatre ans.

Qu'a-t-il ressenti en revenant chez lui ? ...En chevauchant à nouveau dans l'immensité de ses montagnes ? Qu'a-t-il éprouvé en retrouvant son père qui lui avait tant manqué ?

Cette époque de sa vie, les émotions du retour parmi les guerriers de l'imam Shamil, je ne l'ai pas assez travaillée... Je n'y ai pas assez rêvé. Je redoute la façon dont Djemmal-Eddin a traversé cette période. J'ai probablement peur, moi, de ce que je vais devoir écrire.

Résultat : j'ai escamoté ces moments dans mon imaginaire. Et dans mes recherches.

Je connais l'issue de son incroyable épopée, bien sûr. Je sais précisément où je veux en venir... Mais pour l'accompagner, lui, dans son cheminement, plusieurs maillons de son aventure me manquent encore !

Va-t-il tenter de garder des liens avec l'univers russe ? Revoir les princesses géorgiennes pour lesquelles il a sacrifié son bonheur ?

Ou bien couper définitivement ?

Je dois éteindre mon ordinateur, et reprendre mon sac de voyage.
Chercher à nouveau.

Retrouver les papiers des princesses qu'il avait sauvées.

Peut-être existe-il des lettres entre eux, relatant ce qui a suivi l'échange d'otages entre les Géorgiens et les cavaliers de Shamil ? Des portraits ? Des journaux intimes ?

Après ce que ces grandes dames ont vécu dans le sérail de Dargo-Veden, elles ont dû écrire à l'homme auquel elles devaient la vie. En tout cas, essayer de rester en contact avec lui. Elles ne peuvent pas, elles, l'avoir oublié... Elles ne peuvent pas, elles, être restées indifférentes à son sort... D'autant que l'une des princesses l'avait aimé dans son adolescence.

Des traces de leur affection, des témoignages doivent subsister quelque part en Géorgie.

Quelqu'un, parmi les descendants d'Anna et de Varenka, aurait-il, par miracle, conservé la mémoire du passé ?

*

Tbilissi, capitale de la Géorgie, mai 2008

Je débarque de Paris dans un pays tendu par l'angoisse. Si les troupes géorgiennes ne se retirent pas immédiatement des régions que se disputent Russes et Géorgiens, les chars de Poutine menacent de franchir les frontières.

À l'aéroport, pas un taxi, pas un car. Je monte dans la jeep brinquebalante d'amis venus me tirer de ce mauvais pas. Je serre contre moi mon seul bagage : il contient les quatre cents premières pages du manuscrit.

Je dispose d'un nom et d'une adresse qui devraient me permettre de retrouver les descendants des princesses. Mais le siècle de Staline, plusieurs décennies de purges, a éradiqué la mémoire de l'aristocratie.

Et dans cette Géorgie aux bords de la guerre, que vais-je pouvoir découvrir ?

*
Je monte l'escalier de bois, dans la cour intérieure d'une vieille maison où piaillent les radios. De la splendeur d'antan ne restent que le balcon ouvragé et la rampe sculptée. Je pénètre dans une cuisine où m'accueillent deux femmes, la mère et la fille. Nous nous attablons à la lueur des néons, au cœur du palais en ruines. À l'aide de mes quelques mots de russe, je leur explique l'objet de ma visite. Leurs visages s'illuminent. La mère disparaît au fond d'un couloir et revient chargée de plusieurs boîtes en carton où s'entassent des centaines de vieilles photographies, des dessins, des planches d'aquarelles, des lettres, des boucles de cheveux... Je suis bouleversée. Toute l'époque engloutie des héros de mon livre vient de ressurgir : le visage des princesses que Djemmal-Eddin a libérées, de leurs enfants, des cavaliers de leur escorte... Je n'en crois pas mes yeux. D'où peut provenir un tel trésor ? La plus âgée de mes hôtes me le révèle.

Entre 1920 et 1930, les communistes ont fusillé tous les hommes de sa famille, tandis qu'ils envoyaient les femmes dans des camps en Sibérie. Celles-ci n'avaient le droit d'emporter qu'un seul objet : leur matelas roulé sous le bras.

Avant de partir pour son atroce exil, l'aïeule de mes interlocutrices avait soigneusement dissimulé tous les souvenirs de sa lignée au fond de son matelas.

Durant plus d'un quart de siècle, elle avait ainsi dormi sur la mémoire des siens. Personne n'avait jamais rien soupçonné.

Si les gardiens du goulag avaient découvert ces reliques, ils auraient exécuté la prisonnière sur le champ.

"... Même à son retour ici, trente ans plus tard, elle ne nous a rien raconté. Si nous avions su quelque chose, nous nous serions peut-être trahies et nous aurions été fusillées... Quand la Perestroïka l'a enfin libérée de la peur, elle m'a armée d'un couteau et m'a fait éventrer son matelas. Ces centaines de visages se sont répandus sur le sol... Mais qui étaient-ils ? Elle-même était déjà une très vieille dame. Pour n'avoir jamais parlé du passé, elle avait tout oublié. Les noms, les alliances, les filiations... Ne nous reste que cela : ces fantômes vides de sens... Ici, sur cette photo, qui est le fils de qui ? Et ce cavalier tchétchène, d'où sort-il ?"

Sur ce point et sur quelques autres, je peux leur répondre ! Pour avoir traqué dans les bibliothèques, et partout dans le monde, les souvenirs du fils de l'imam et des princesses otages, je suis en mesure de leur raconter le destin de certains membres de leur famille...

Qui dira l'émotion de ce moment de partage et d'échange ?

Mes nouvelles amies m'ont offert les visages de tous mes héros.

Et je leur ai rendu un fragment de leur mémoire perdue.

*
Au lendemain de ce jour, je tiens mes réponses.

Plus que jamais je veux témoigner du choix de Djemmal-Eddin, ce grand oublié de l'Histoire, un homme d'exception qui aurait pu instaurer la paix. Raconter son sacrifice pour que le destin, si mal connu, de grands peuples aux portes de l'Europe parvienne jusqu'à nous.

Je ne peux m'interdire d'espérer que la compréhension des drames d'hier dans cette lointaine partie du monde éclairera les conflits d'aujourd'hui.

Et que la connaissance du passé empêchera, peut-être, que les tragédies ne continuent de se répéter à l'identique !


Dans les médias


Interview Alexandra Lapierre par Confidentielles
 
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Critiques

 
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